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Le prophète

Et une femme qui tenait un bébé sur son sein dit, Parle-nous des enfants.

Et il dit:

Vos enfants ne sont pas vos enfants.

Ils sont les fils et filles du désir de Vie en elle-même. Ils viennent par vous mais non de vous,

Et bien qu'ils soient avec vous, ce n'est pas à vous qu'ils appartiennent.

Vous pouvez leur donner votre amour mais non vos pensées,

Car ils ont leur propres pensées.

Vous pouvez loger leur corps mais non leurs âmes,

Car leurs âmes habitent la demeure de demain, que vous en pouvez visiter , pas même dans vos rêves.

Vous pouvez vous efforcer de leur ressembler, mais n'essayez pas qu'ils vous ressemblent. Car la vie ne retourne pas en arrière ni ne s'attarde à hier. Vous êtes les arcs qui projettent vos enfants telles des flèches vivantes. L'Archer voit la cible sur le chemin de l'infini et Il vous courbe avec toute Sa force pour que Ses flèches aillent vite et loin. Que cette courbure dans les mains de l'Archer, tende à la joie,

car comme Il aime la flèche qui vole l aime aussi l'arc qui est stable.

Alors un homme riche dit Parle nous du Don

Et il répondit:

Vous donnez bien peu lorsque vous donnez de vos biens. C'est lorsque vous donnez de vous-mêmes que vous donnez vraiment.

Car que ce sont vos biens sinon des choses que vous gardez et que vous surveillez, de crainte de vous trouver demain dans la misère ? (...)

Et qu'est-ce que la crainte de la misère sinon la misère elle-même. La peur de la soif quand votre puits est plein n'est ce pas une soif inextinguible ? Il y a ceux qui ont beaucoup et qui donnent peu - et comme ils en attendent de la reconnaissance, ce désir caché dégrade leur don.

Et il y a ceux qui ont peu mais qui donnent tout. Ceux-ci ont foi en la vie et la générosité de la vie, et leur coffre n'est jamais vide.

Il y a ceux qui donnent avec joie, et cette joie est leur récompense.

Et il y a ceux qui donnent avec peine, et cette peine est leur baptême.

Et il a ceux qui sans éprouver de peine à donner, sans y chercher non plus ni joie ni conscience de leur vertu;

Ils donnent comme là-bas, dans la vallée, le myrte exhale son parfum en l'air.

C'est par leurs mains que Dieu parle et par leurs yeux qu'Il sourit à la terre.

Il est bon de donner quand on le demande, mais il est encore mieux de donner par discernement quand on ne le demande pas;

Et pour la main ouverte, chercher celui qui recevra est une plus grande joie que de donner.

Et que pourriez-vous refuser ?

Tout ce que vous avez, sera donné un jour;

Donnez donc maintenant, afin que le moment de donner soit le vôtre et non celui de vos héritiers.

Vous dites souvent, "Je voudrais donner, mais seulement à ceux qui le méritent".

Les arbres de votre verger ne parlent pas ainsi, ni les troupeaux de votre pâturage. Ils donnent pour vivre, car refuser serait leur perte. A coup sûr, celui qui a été digne de recevoir ses jours et ses nuits, celui-là est digne de recevoir de vous tout le reste. Et celui qui a mérité de boire à l'océan de la vie mérite de remplir sa coupe à votre petit ruisseau.

(...)

Et une femme prit la parole, disant, Parle-nous de la Douleur.

Et il dit:

C'est d'avoir brisé la coquille où votre entendement est enfermé que vient votre douleur.

Comme le noyau du fruit doit se briser pour offrir son coeur au soleil, ainsi devez-vous connaître la douleur.

Si votre coeur pouvait s'émerveiller sans trêve des miracles quotidiens de votre vie, votre douleur ne vous paraîtrait pas moins étonnante que votre joie;

Et vous consentiriez aux saisons de votre coeur, de même que vous avez toujours consenti aux saisons qui passent sur vos champs.

Et vous contempleriez avec sérénité vos hivers de chagrin.

Une grande part de votre douleur a été choisie par vous. C'est l'amère potion avec laquelle le médecin qui est en vous guérit votre moi malade.

Faites donc confiance au médecin et buvez son remède en paix et en silence;

Car sa main, bien qu'elle soit rude et lourde, est guidée par la main affectueuse de l'Invisible,

Et la coupe qu'il apporte, bien qu'elle vous brûle les lèvres, a été faite de l'argile que le Potier a mouillée de ses larmes sacrées.

traduit de l'anglais par Janine Levy, édition le Livre de Poche

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